Poésie

L’Idole

Sonnet du Trou du Cul   Obscur et froncé comme un œillet violet Il respire, humblement tapi parmi la mousse Humide encor d’amour qui suit la fuite douce Des Fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet.   Des filaments pareils

« Liberté » (j’écris ton nom)

 Sur mes cahiers d’écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J’écris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J’écris ton nom Sur les images

Beaux présents

Pli ou Loi ? Oulipo Lu ou Poli ? Oulipo Li Po ou Lulli ? Oulipo Oïl ou Oui ? Oulipo Io ou Lou ? Oulipo Ô Oulipo Georges Perec Extrait de Beaux présents, belles absentes Éditions du Seuil

L’escale

Les voyageurs d’Europe entre eux parlaient d’affaires Les yeux de la vigie adoraient l’horizon Dans la cale où valsaient d’ obscures salaisons Le rêve des mutins se tordait dans les fers Oublions qu’ils ont soif puisque nous nous grisons Sur

La nuit de Dunkerque

La France sous nos pieds comme une étoffe usée S’est petit à petit à nos pas refusée Dans la mer où les morts se mêlent aux varechs Les bateaux renversés font des bonnets d’évêque Bivouac à cent mille au bord

Si tu t’imagines

si tu t’imagines si tu t’imagines fillette fillette si tu t’imagines xa va xa va xa va durer toujours la saison des za saison des za saison des amours ce que tu te goures fillette fillette ce que tu te

Monsieur William

C’était vraiment un employé modèle Monsieur William Toujours exact et toujours plein de zèle Monsieur William Il arriva jusqu’à la quarantaine Sans fredaine Sans le moindre petit drame… Mais un beau soir du mois d’août Il faisait si bon, il

Nevermore…

Nevermore… Nevermore !… et puis zut ! Il y a des influences astrales autour de moi. Je suis immobile dans une chambre d’hôtel Pleine de lumière électrique immobile… Je voudrais errer, à l’aube jaune, dans un parc Vaste et brumeux, et tout

Le Corbeau

Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu’un

Chanson enfantine

Dans le champ de marguerites m’en allant me promener derrière un buisson de myrte j’ai découvert un macchabée 1 Rendez rendez les cadavres à ceux qui les ont trouvés 1 C’était le corps d’un jeune homme il avait les yeux