L’amour Pur

[Extrait]
Désormais, elle ne tirait plus la porte violemment derrière elle. La première fois, un peu avant l’heure qu’il avait dite, elle avait frappé bruyamment. Il été allé ouvrir et l’avait réprimandée sur le bruit excessif qu’elle faisait en ouvrant et en fermant les portes. Elle s’était glissée par la porte ouverte sans lui répondre et s’était dirigée tout droit dans l’angle le plus obscur de la chambre, le coin opposé au lit, entre la grande fenêtre et le coffre de cuir. Elle était restée debout. Tout d’abord, elle avait osé à peine le regarder, avec ce curieux air de chouette terrifiée et dédaigneuse, les yeux baissés.
La musique se lamentait d’abord si doucement qu’elle avait désiré ne pas respirer, crainte de faire du bruit, crainte de se faire reprendre par le Père. Puis la mélodie s’était faite si insinuante qu’elle s’était mise à respirer à sa mesure et s’était mise à frissonner. Le rythme du Père obligeait comme un maître. Les battements du cœur eux-mêmes étaient à la merci de son chant.
Rina avait fermé plus fort ses yeux. Puis elle avait été complètement transportée, entraînée au-dehors de la demeure, au-dehors de la cité de Barcelone, au-dehors de la Catalogne, au-dehors de la terre.

L’amour Pur
Agustina Izquierdo
Éditions P.O.L.


Publié par : Capuche
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