Poésie
Ballade en proverbes du vieux temps
Il faut de tout pour faire un monde Il faut des vieillards tremblotants Il faut des milliards de secondes Il faut chaque chose en son temps En mars il y a le printemps Il est un mois où l’on moissonne
Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale
Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale Ça sera par un soir horrible Clair, chaud, parfumé, sensuel Je mourrai d’un pourrissement De certaines cellules peu connues Je mourrai d’une jambe arrachée Par un rat géant jailli d’un trou géant
L’amour apres l’amour
Le temps viendra où, plein d’allégresse, tu salueras ta propre venue à ta propre porte, dans ton propre miroir, et chacun sourira devant l’accueil de l’autre, et dira, assieds-toi. Mange. Tu aimeras à nouveau l’étranger qu’était ton être. Offre
Haïkus de printemps II
Sous la pluie de printemps une belle jeune fille lâche un long bâillement Issa L’hirondelle fait une culbute – qu’a t-elle oublié ? Otsuyu Viens jouer avec moi moineau orphelin Issa Tout fourbu cherchant un gîte pour
Mort d’un jeune homme
Il est mort le beau jeune homme en allant au rendez-vous par une belle après-midi d’automne où le soleil avait des reflets roux Ses belles dents cassées comme du verre son front charmant crevé comme un tambour ses mains
Haïkus de printemps
Jusqu’à mon ombre est pleine de vigueur ce premier matin de printemps Issa Les rides sur l’eau fondent peu à peu la glace du lac Shiki Ici de l’eau et là de l’eau les eaux du printemps
Semper Eadem
« D’où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrange, Montant comme la mer sur le roc noir et nu ? » — Quand notre cœur a fait une fois sa vendange, Vivre est un mal. C’est un secret de tous connu, Une douleur
À celle qui est trop gaie
Ta tête, ton geste, ton air Sont beaux comme un beau paysage ; Le rire joue en ton visage Comme un vent frais dans un ciel clair. Le passant chagrin que tu frôles Est ébloui par la santé Qui jaillit
Après trois ans
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, Je me suis promené dans le petit jardin Qu’éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle. Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle De vigne folle avec
Hombres
VIII Un peu de merde et de fromage Ne sont pas pour effaroucher Mon nez, ma bouche et mon courage Dans l’amour de gamahucher. L’odeur m’est assez gaie en somme, Du trou du cul de mes amants,