Mélodie en sous-sol

au sous-sol une héroïne de la chanson française

au septième un cadre dynamique si sûr de lui

au rez-de-chaussée une famille de bourges coincés

au sixième un bricoleur qui commence à s’agiter

au premier un monsieur tout seul regarde la télévision

au cinquième un vieux couple qui s’emmerde grave

au deuxième y a plus personne sauf la poussière

au quatrième une bande de jeune commence à décoller

au troisième une jeune maman couche ses trois enfants

au troisième elle chante une berceuse eux gueulent encore

au sous-sol elle s’assoit avec sa bouteille

au quatrième on ouvre enfin le pack de kro

au septième la dynamique épaule gauche commence à picoter

au deuxième la poussière s’accumule sur les meubles

au rez-de-chaussée on parle pas on prie

au cinquième le mari traite sa femme de connasse

au sixième le bricoleur commence à planter les clous

au premier la télévision raconte une histoire de fesses

au premier la télévision passe une musique de fesses

au troisième elle murmure doucement le petit s’enrage

au sixième le bricoleur continue à planter les clous

au sous-sol elle tousse puis allume une clope

au cinquième la femme traite son mari d’enculé

au quatrième on met un tube de Public Enemy

au rez-de-chaussée on écoute une messe radiophonique

au septième il met un disque de relaxation transcendentale

au deuxième la poussière fait swoosh dans le vent

au deuxième la poussière chatouille les narines des fantômes

au premier la télévision passe un claquement de fesses

au septième son épaule commence à creuser sa poitrine

au troisième elle murmure moins doucement le grand gueule

au rez-de-chaussée la messe vire plus musicale

au sixième le bricoleur cloue cloue cloue et cloue

au quatrième on remet un disque de Public Enemy

au sous-sol elle écrase sa clope et recommence

au cinquième le mari exige que la salope le suce

au cinquième la salope l’envoie branler la bite

au deuxième atchoum les fantômes éternuent un bon coup

au sous-sol elle reboit un coup puis soupire

au premier la télévision diffuse une pénétration de fesses

au quatrième on enlève le disque de Public Enemy

au septième son cœur s’emballe la musique stagne

au sixième les clous les clous les clous les

au troisième celui du milieu geint la mère pleure

au rez-de-chaussée la musique fond en sermon

au rez-de-chaussée le sermon fond en litanie

au cinquième l’enculé sort sa perceuse et perce

au troisième les trois maintenant gueulent comme putes pourries

au deuxième ratchoum les mouches elles aussi éternuent fort

au sixième le bricoleur arrête et cogne par terre

au sous-sol elle met le casque du walkman

au septième son cœur cogne maintenant entre ses orteils

au premier la télévision secoue la chair des fesses

au quatrième on danse chimiquement sur les Chemical Brothers

au quatrième entre morceaux on entend gens qui braillent

au rez-de chaussée la litanie fond en bénédiction

au premier la télévision montre les boutons des fesses

au cinquième la salope sort son moulin et mouline

au septième il entend ses tripes qui montent qui

au troisième elle commence à s’énerver mais grave

au sous-sol c’est cidre bouche à bouche

au deuxième les mouches redescendent sur leur pique-nique

au sixième le bricoleur va chercher sa perceuse aussi

au sixième il perce pour faire chier lui aussi

au quatrième on remet Public Enemy encore plus fort

au deuxième la poussière redescend swoosh sur les mouches

au rez-de-chaussée la bénédiction fond en ennui

au sous-sol la voix de Gainsbourg la remplit

au premier la télévision déclenche les boutons des fesses

au troisième elle crie ça suffit maintenant ça suffit

au cinquième on perce et on mouline encore encore

au septième le cœur réverbère dans l’appart entier

au septième Etienne Charon meurt d’une crise cardiaque

au sixième Jean-Louis Duparc perce un câble électrique

au cinquième Pierrette et Albert font lit à part

au quatrième Jean Virginie Claude resniffent de la colle

au troisième Caroline passe à l’acte et cogne

au deuxième Madame Dussolier régale encore mouches et asticots

au premier Claude Martin jouit dans des fesses imaginaires

au rez-de-chaussée les Dubreton refont un enfant

au sous-sol Mélodie Nelson vide son dernier verre

 

Ian Monk

Extrait de Plouk Town

2007

Note : ce texte est basé sur la contrainte oulipienne de la n-ine : La n-ine, qui généralise la sextine,  est un poème de n strophes (n étant un nombre entier), chacune de n vers, chaque vers de chaque strophe terminé par un mot-clef différent. On se donne n mots-clefs qui terminent les n vers de la première strophe. Dans la seconde strophe le premier mot-clef vient à la place 2, le deuxième à la place 4, et ainsi de suite (tant que possible). Les places manquantes sont alors remplies par les autres mots.


Publié par : FD_S
Étiquettes : ,
Previous post
Next post

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *