Lolita
[Incipit]
I
Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta.
Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante-huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l’école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Mais dans mes bras, c’était toujours Lolita.
Avait-elle eu des devancières ? Oui, certes oui. En vérité, il n’y aurait peut-être jamais eu de Lolita si je n’avais aimé, un certain été, une enfant initiale. « Dans un royaume auprès de la mer ». Quand cela ? Environ autant d’années avant la naissance de Lolita que j’en comptais cet été-là. Un style imagé est la marque du bon assassin.
Voici, Mesdames et Messieurs les jurés, la première pièce à conviction : cela même que convoitaient les séraphins de Poe, les séraphins ignorants, aux ailes altières et au cœur simpliste. Voyez cet entrelacs d’épines.
Vladimir Nabokov
Lolita
Traduit de l’anglais par E. H. Kahane
Editions Gallimard
Avr 28, 2011
une belle introduction on remarque dès les premières lignes la passion du narrateur pour cette Lolita avec ce champs lexical de la bouche l1 à3 qui se rapporte au gout qui demeure la plus sensuel de nos sentiments pour encore une fois prouver une passion débordante