Des hommes nus et démunis

 

 

On peut dire que la patience a pouvoir sur la parole

on peut dire que l’impatience a devoir de la venger

on peut dire que l’oeil ouvert la regarde s’avancer

et surveille chaque signe sur la terre qui l’inspire.

 

on peut dire que l’oeil avide la nourrit de sa vision

vois     regarde     et puis regarde encore

 

on peut dire les liens serrés dans ses membres liberté

on peut dire le trop d’amour qui la gêne dans sa gorge

on peut dire son attention à la plaie qu’elle vient d’ouvrir

 

on peut dire aussi

son visage inconnu

dans la rue où vont les hommes

 

tout cela pèse

et compose la ligne écrite

par ces midis et ces minuits

des hommes nus et démunis.

 

Jean Pérol

Extrait de Ruines-mères (1996)

rééd. Le Cherche-Midi, 1998


Publié par : Margaux
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