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Homme-bombe

Non, je n’ai pas d’usine, pas d’outils. Je suis un des rares hommes-bombes. Je dis rares, car s’il en est d’autres, que ne l’ont-ils déclaré un jour ? Il est vrai, il demeure possible qu’il n’y en ait eu. Nous

La Rose et le Réséda

Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l’échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Qu’importe comment s’appelle

L’envers et l’endroit

S’il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu’on a perdus, je sais comment nommer ce quelque chose de tendre et d’inhumain qui m’habite aujourd’hui. Un émigrant revient dans sa patrie. Et moi, je me souviens. Ironie, raidissement tout

Total Khéops

Je ne pourrais pas rester longtemps ainsi. Derrière la porte, la terre continuait de tourner. Il y avait quelques salauds de moins sur la planète. C’était un autre jour, mais rien n’avait changé. Dehors, ça sentirait toujours le pourri. Je n’y pourrais

Chourmo

« Si on a du cœur, m’expliqua un jour mon père, on ne peut rien perdre, où qu’on aille. On ne peut que trouver. » Il avait trouvé Marseille, comme un coup de chance. Et nous nous promenions sur le port, heureux.

L’Enfant de la haute mer

(…) Parfois l’enfant éprouvait un désir très insistant d’écrire certaines phrases. Et elle le faisait avec une grande application. En voici quelques-unes, entre beaucoup d’autres : – Partageons ceci, voulez-vous ? – Écoutez-moi bien. Asseyez-vous, ne bougez pas, je vous

Solea

Je n’avais pas craché sur les étoiles. Je n’avais pas pu. Au large des îles de Riou, j’avais coupé le moteur et laissé flotter le bateau. A cet endroit, approximatif, où mon père, me tenant sous les aisselles, m’avait trempé

L’Homme et la Couleuvre

Un Homme vit une Couleuvre. Ah ! méchante, dit-il, je m’en vais faire une œuvre Agréable à tout l’univers. À ces mots, l’animal pervers (C’est le Serpent que je veux dire, Et non l’Homme : on pourrait aisément s’y tromper),

Attendre que la Nuit…

Attendre que la Nuit, toujours reconnaissable A sa grande altitude où n’atteint pas le vent, Mais le malheur des hommes, Vienne allumer ses feux intimes et tremblants Et dépose sans bruit ses barques de pêcheurs, Ses lanternes de bord que

Erinnyes

Je sais que toute joie est une illusion, Qu’il faut que tout se paye et que tout se compense, Et je devrais bénir la dure providence Qui m’impose l’épreuve ou l’expiation. Les stériles regrets, la menteuse espérance N’atteignent pas la